A-DIEU ! SAINT-PERE

Chers amis,

Le Saint Père s’est éteint le matin du lundi de Pâques, un cadeau de Dieu ! C’est comme s’il avait voulu entraîner l’Eglise jusqu’à la Résurrection avant de rendre l’âme à Dieu.

C’est ainsi que s’achèvent douze années d’un pontificat riche, marqué par une profonde humanité et une volonté constante d’aller vers l’autre.

Son départ a provoqué une vague d’émotion mondiale, bien au-delà de la seule communauté catholique. Le monde entier, à travers ses dirigeants politiques, religieux et culturels, de l’islam au bouddhisme en passant par le judaïsme, a manifesté son deuil, preuve tangible du rayonnement universel de ce pape aimé et respecté.

En choisissant le nom de François, il avait affiché clairement son désir de renouer avec l’esprit authentique de l’Évangile, en se référant à saint François d’Assise, l’apôtre inlassable des pauvres et protecteur des plus faibles. Ce choix fut pour lui une véritable feuille de route spirituelle, qu’il suivit scrupuleusement, ne cessant jamais d’insister sur l’importance du soin à porter aux déshérités, aux exclus, aux migrants et à ceux que le monde moderne rejette souvent dans l’indifférence.

Une santé éprouvée

Jusqu’à son dernier souffle, il traîna sa souffrance. Il aura conservé avec une dignité exemplaire, une santé particulièrement fragile. Peut-on parler d’un chemin de croix ? Souffrant à 21 ans d’une insuffisance respiratoire chronique qui s’est prolongée dans un âge avancé d’un syndrome métabolique ou syndrome d’insulinorésistance avec un ensemble de symptômes qui provoquent une hypertension artérielle, une hypercholestérolémie et un diabète de type 2 exigeant une médication lourde et quotidienne. Que de produits chimiques iatrogènes a-t-il subi pour colmater l’ensemble de ses maux !

Cette longue bataille contre la souffrance physique fut son chemin de croix personnel, un calvaire discret mais continu, observé avec respect et émotion par les fidèles du monde entier. L’opération chirurgicale qu’il subit à la hanche fut particulièrement douloureuse. Cette intervention ratée, l’obligea à vivre ses dernières années sur une chaise roulante, le contraignant à se déplacer grâce à la fameuse « papamobile ». Cependant, jamais ses difficultés physiques ne parvinrent à étouffer son enthousiasme pastoral ni à ralentir son rythme effréné de travail au service de l’Église et de l’humanité.

Le Vatican, le plus petit État s’intéressait à multiples activités artistiques, scientifiques, médicales.

C’est ainsi que j’ai été sollicité par le Vatican pour rejoindre un « institut de médecine naturelle ». Un des responsables était tombé sur un de mes articles intitulé « la Nature est un jardin médicinal ». Les échanges des spécialistes se faisaient à distance par Skype.

Malheureusement je ne pensais pas que le pape fasse appel aux médecines alternatives. C’est ainsi que lors de l’épidémie de Covid, il envoya un message urbi et orbi : « se faire vacciner contre le Covid-19 est un acte d’amour ». Il n’a pas été au courant de la litanie de maladies qui s’en est suivie !

Un pape d’espérance

Le pape François voulait par-dessus tout offrir au monde un message d’espérance authentique, ancré dans la réalité quotidienne des hommes et des femmes du XXIe siècle. Fidèle à la tradition des papes précédents, mais exprimant toujours sa pensée avec une liberté et une franchise remarquables, il dénonça fermement les dérives d’une société contemporaine trop souvent marquée par l’individualisme, le consumérisme et ce qu’il nommait avec force la « culture du déchet » : abandon des plus fragiles, rejet des enfants à naître et négligence à l’égard des personnes âgées ou en fin de vie.

D’emblée, François avait rêvé à voix haute d’une Église qui se préoccuperait des «périphéries existentielles». A une humanité blessée il voulait qu’elle apporte pleinement la consolation et l’espérance. Cela commença par une visite spectaculaire sur l’ile de Lampedusa, suivie d’innombrables appels en faveur des migrants errant en mer : nos prochains.

Ses appels incessants à l’accueil et à la fraternité entre les peuples ne furent jamais seulement symboliques : il en fit un véritable programme pastoral et diplomatique. Certes, l’Europe continue à ressentir les tensions d’un multiculturalisme qui n’est pas toujours apaisé, mais François invitait chacun à surmonter ses craintes par l’accueil et la solidarité.

Il est vrai que dans la Bible on retrouve ce secours aux plus démunis. Mais c’est ignorer que le multiculturalisme génère une insécurité culturelle. C’est ainsi que l’Europe souffre, les églises sont brulées, les chrétiens deviennent des cibles, c’est une nouvelle guerre cultuelle incessante.

Les chrétiens d’Orient

450 millions de chrétiens sont torturés et massacrés par les musulmans en témoignage de leur foi. Notre pape était préoccupé par ce martyrologe.

J’ai rejoint en 2013 l’association « Les chrétiens d’Orient » qui vient au secours de ces martyrs, je me suis rendu en Syrie plus particulièrement à Maaloula, un bourg vallonné qui recèle 5 abbayes. Des membres de Daech avaient menacé de mort trois frères catholiques s’ils ne se convertissaient pas à l’islam. Ils refusèrent et furent massacrés. J’ai envoyé au Vatican le nom de ces trois martyrs pour être béatifiés.

Comme nous tous, le pape François n’aimait pas la guerre. Je rappelle que nos 5 derniers présidents de la République ont engagé une guerre. Dans quel but ? Au niveau de leur électorat, ils se réjouissaient de constater une augmentation de votants.

L’enterrement

Ce sera un jour historique. On attend 200 chefs d’État. 150 chaînes relateront l’événement.

La mise en terre aura lieu à la basilique Sainte-Marie-Majeure à 4 km du Vatican.

Comment va se dérouler la procession funéraire ?

Parmi les chefs d’État on relève Poutine, l’ukrainien Zelenski et Trump qui devait stopper la guerre en 24 h.

Ce serait peut-être l’occasion de réconcilier ces deux ennemis.

Quel sera le prochain pape ?

Ne nous attendons pas à voir un cardinal français accéder à la papauté. Tous manquent d’expérience internationale et ne maîtrisent pas les langues.

Dans l’Histoire il faut remonter au XIe siècle avec Urbain II, né à Chatillon-sur-Marne. En 1095 il lança la première croisade. Le dernier pape français fut Grégoire VII au XIVe siècle.

Personnellement j’aurais aimé voir accéder à la papauté le cardinal Robert Sarah, un être lumineux qui évoque ses racines. Né en Guinée, un pays qui recèle 95 % de musulmans et 5 % de catholiques, il insiste beaucoup sur la tradition et les racines chrétiennes. Sa double culture africaine et occidentale lui aurait permis de résoudre nombre de situations dramatiques que nous subissons quotidiennement.

La désignation sera la surprise de l’esprit saint.

Parmi les impétrants on relève le nom de 4 cardinaux italiens Pietro Parolin, Matteo Zuppi, Louis Antonio Tagle, Pierratista Pozzobalia.

Pour les parieurs, à vos jeux !

Je joue le cardinal Pietro Parolin qui a été délégué du Vatican dans plusieurs pays et parle 5 langues dont le français ou le cardinal Robert Sarah, le traditionaliste.

Le déroulement des prochains jours à Rome

En attendant les obsèques du pape François et l’élection du nouveau pontife, Rome ouvre ses portes au voyageur venu méditer sur l’avenir de l’Église. Cité éternelle, Rome est une métaphore vivante du destin humain, où les ruines du passé cohabitent avec une créativité artistique et spirituelle sans cesse renouvelée. Son patrimoine artistique, véritable « théologie par l’image », demeure, selon Benoît XVI, un puissant outil d’évangélisation capable de toucher même les plus éloignés de la foi.

Le patrimoine artistique du Vatican a aussi un rôle diplomatique, il exprime la suprématie de la papauté. Quand, depuis la salle Clémentine, les chefs d’État sont amenés à la bibliothèque privée du pape, au pas lent des gentilshommes pontificaux, même les plus pressés ne peuvent que prendre le temps de lever les yeux vers ce qui exprime la permanence d’une institution millénaire.

Ainsi, Rome reste ce lieu unique au monde où l’on vient non seulement pour retrouver ses racines, mais surtout pour réinventer sans cesse une espérance capable d’animer l’humanité entière.

Rome est une grande et éternelle pagaille. Les ruines prophétisent, le présent jette son ancre vers les cieux, les peuples s’y rassemblent depuis sa fondation. Touristes, croyants, religieux, amateurs d’art et d’Antiquité, cinéphiles sur les pas de Rossellini, Fellini, Pasolini ou Moretti y croisent ses martyrs et ses saints, envahissent son âme béante comme les thermes à ciel ouvert ou les catacombes. Elle appartient à la fois au monde antique et au monde futur.

Rome est une métamorphose infinie. On dit bien qu’un chef-d’œuvre grandit de tous les chefs-d’œuvre qu’il suscite. Le Vatican lui-même est édifié sur les ruines antiques d’un cirque où s’affrontaient des chars dans des courses mémorables.

Rome est une mémoire ouverte toujours réinventée. L’étranger, le voyageur, vient y chercher une origine, et un chemin possible. L’amour et la foi s’y exilent, s’y retrouvent, et ajoutent à ses ruines le ferment d’une espérance nouvelle.

Rome aura donc la particularité d’accueillir celui qui vient d’ailleurs et cherche le secours.

« Théologie par l’image »

Si l’heure n’est plus aujourd’hui à la célébration de la puissance de l’Église, le patrimoine artistique du Vatican reste un outil essentiel pour l’évangélisation.

Son véritable patrimoine est la « théologie par l’image », soulignait Benoît XVI en 2006, expliquant que « l’approche de la vérité chrétienne, effectuée à travers l’expression artistique ou historique et culturelle, offre une chance supplémentaire pour parler à l’intelligence et à la sensibilité de personnes qui n’appartiennent pas à l’Église catholique et qui, parfois, peuvent nourrir à son égard des préjugés et de la méfiance. »

L’impact du Saint Père

Ce qu’il faut retenir de l’action du pape François, le pape des pauvres.

Il a nettoyé les écuries d’Augias qui concernaient les turpitudes de la Curie : adieu les belles Mercedes ! adieu les agressions sexuelles qui ont dérouté beaucoup de chrétiens.

Pendant douze ans, celui que l’on surnommait « le pape des migrants » pour ses prises de position en faveur des déplacés, a bousculé l’Église par son style direct.

Un pape inclassable pour certains ou raisonnablement catholique pour d’autres.

François pouvait être perçu comme un conservateur quand il évoquait le couple ou la famille et refusait l’avortement ou le mariage homosexuel. Mais il était également vu comme un progressiste quand il défendait l’accueil des migrants et tançait les catholiques des pays de vielle chrétienté comme la France, qu’il jugeait trop endormis.

Son successeur devra continuer le travail de François, tout en apaisant les tensions apparues au sein de l’Eglise entre les progressistes et les conservateurs, notamment français, qui n’ont pas toujours bien compris les choix du pape ». Ce fut un pontificat marqué de sa forte personnalité, et qu’il a voulu assumer jusqu’au dernier jour.

Quoi qu’il arrive, le coup de pied donné par le pape François dans la fourmilière du Vatican et de l’Eglise catholique aura été d’une telle puissance que, selon l’avis de beaucoup, rien ne sera plus comme avant.

Toute la question sera d’évaluer le poids réel de l’héritage de François qui s’est inscrit dans les consciences et les mémoires comme une personnalité hors du commun.

Un pape qui aura bousculé une institution apparemment irréformable, en poussant d’abord chacun à se réformer lui-même, en son intérieur.

Portez-vous bien !

Jean-Pierre Willem

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(…) un pays où le peuple ne connait que la religion, et révère le pape non seulement comme un souverain mais comme un Dieu sur la terre.

STENDHAL, Souvenirs d’un gentilhomme italien.

La primauté romaine se traduit dans les faits par le pouvoir de juridiction suprême que le pape exerce, pouvoir que le code canonique qualifie de « entier, universel, vraiment épiscopal, ordinaire et immédiat ». Elle se reconnaît aux insignes réservés au pape : la tiare aux trois couronnes, le pallium, la croix papale, les clefs, etc. D’autre part, le pape est souverain dans l’ordre international ; il ne dépend d’aucune puissance politique, ne reconnaît à aucune d’elles quelque juridiction sur sa personne, ses biens ou son entourage, ne paie impôt à aucune d’elles et ne reçoit d’aucune d’elles la moindre subvention.

M. PACAUT, les Institutions religieuses

A-DIEU !

REQUIESCAT IN PACE !

Qu’il repose en paix !

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