Saviez-vous qu’à une époque, les épices représentaient une denrée aussi précieuse que l’or et le pétrole ? Difficile de se l’imaginer, tellement ces ingrédients sont omniprésents dans l’art culinaire moderne !
Pourtant, la découverte de nouvelles sources d’épices a enfiévré l’Europe, attisé la convoitise des rois et servi de motif aux voyages les plus périlleux. Sans ce désir de puissance, Vasco de Gama n’aurait pas franchi le cap de Bonne-Espérance, pas plus que Christophe Colomb ou Jacques Cartier n’auraient découvert l’Amérique…
La provenance lointaine des épices a pour beaucoup contribué à en faire des ingrédients mythiques et recherchés : le gingembre, la cardamome, la cannelle, le curcuma ou le safran, proviennent de plantes qui ne poussent presque qu’en Inde et en Chine.
Le curcuma, plante appartenant à la famille des gingembres, est un des ingrédients les plus utilisés parmi les épices.
De couleur orange, il sert de colorant alimentaire (coloration, et goût du riz de la paëlla), mais il est traditionnellement utilisé en médecine ayurvédique depuis des millénaires, car il possède des propriétés antioxydantes, analgésiques, anti-inflammatoires et antiseptiques, tout en ne montrant pas de toxicité.
Et puisque ce n’est pas une épice « piquante », on l’a employée pour soigner un très grand nombre de maladies.
La curcumine est le principal agent actif de la plante, et constitue 77% de son poids, tandis que les autres composés curcuminoïdes en forment 5%.
La médecine ayurvédique l’utilise depuis 3000 ans
Le curcuma constitue l’une des principales composantes de la médecine traditionnelle indienne, la médecine ayurvédique.
Probablement la plus vieille tradition médicinale de l’humanité (la première école fut fondée vers 800 avant JC), la médecine ayurvédique est la pierre d’assise des principales médecines traditionnelles asiatiques (chinoise, tibétaine et islamique) et est toujours en vigueur en Inde où elle est considérée comme une alternative valable à la médecine occidentale.
Dans cette médecine, le curcuma est considéré comme ayant la propriété de purifier l’organisme et de traiter une très grande variété de désordres physiques, tels les troubles digestifs, la fièvre, les infections, l’arthrite, la dysenterie ainsi que la jaunisse et autres problèmes hépatiques.
À l’opposé, bien qu’il fût déjà connu à une période assez lointaine en Europe, le curcuma n’a jamais véritablement réussi à faire partie des traditions culinaires et médicinales occidentales.
Le secret des centenaires d’Okinawa
Outre la médecine chinoise et indienne, les habitants d’une île japonaise ont attribué des propriétés prodigieuses au curcuma. Il s’agit de l’île d’Okinawa, au sud du Japon, où il était très utilisé pendant toute la période du royaume de Ryukyuan (XIIe-XVIIe siècles).
L’île est célèbre pour la longévité de ses habitants : 86 ans en moyenne pour les femmes et 77 ans pour les hommes. Mais surtout, pour le nombre anormalement élevé de centenaires : 40 pour 100 000 habitants contre 15 pour 100 000 pour le reste du Japon.
Les habitants de l’île d’Okinawa considèrent le curcuma comme un des aliments contribuant à leur santé exceptionnelle, compilé à un mode alimentaire frugal : la « réduction alimentaire » est l’élément central de leur bonne santé.
Ses IMMENSES bienfaits sur la santé
La curcumine est capable d’empêcher la formation des radicaux libres, ces molécules chimiques instables qui peuvent créer des dégâts au sein des cellules lorsqu’elles se manifestent trop abondement.
L’inflammation joue un rôle important dans le développement des maladies chroniques (maladies auto-immunes, cardiovasculaires, endocrines, neurodégénératives et néoplasiques). La curcumine est capable de diminuer l’inflammation en interagissant avec plusieurs processus inflammatoires majeurs.
Selon une étude récente portant sur l’administration orale de la curcumine, cette propriété pourrait avoir un effet bénéfique sur le cancer du côlon. C’est une découverte importante car les anti-inflammatoires synthétiques ont de nombreux effets secondaires.
- Inflammations articulaires : les radicaux libres jouent aussi un rôle crucial dans la destruction articulaire, en activant plusieurs voies de l’inflammation. La curcumine anti-inflammatoire et antioxydante possède ainsi des propriétés antirhumatismales et antiarthritiques.
- Inflammations digestives : la curcumine est donc efficace pour freiner l’inflammation digestive. Dans la pancréatite chronique induite par l’alcool, la curcumine diminue la sévérité de la maladie. Elle agit aussi sur l’inflammation dans le cas du cancer du pancréas. Enfin, la curcumine exerce une action anti-inflammatoire dans la muqueuse gastrique infectée par la bactérie à l’origine de l’ulcère gastroduodénal.
- Inflammations neurologiques : plusieurs études effectuées chez les rongeurs ont prouvé la neuroprotection de la curcumine, spécialement dans les modèles de maladie d’Alzheimer et de Parkinson. La curcumine diminue les dégâts du stress oxydatif et de l’inflammation dans le cerveau.
- Inflammations pulmonaires : les maladies les plus étudiées sont la fibrose pulmonaire, la bronchite, l’allergie et l’asthme. Il existe aussi plusieurs études confirmant le rôle important de la curcumine dans les affections respiratoires inflammatoires, notamment dans l’asthme allergique.
- Protection du foie : les effets bénéfiques de la curcumine dans les maladies du foie sont dus à son activité anti-inflammatoire, antioxydante, et antifibrosique. La curcumine diminue les lésions hépatiques induites par le fer (hémochromatose) en diminuant la lipoperoxydation, elle accroît l’activité des enzymes de détoxification des xénobiotiques, et la capacité antioxydante hépatique totale.
- Syndrome métabolique et pathologies cardiovasculaires: le syndrome métabolique est un groupe de facteurs de risque qui augmente la survenue de maladies cardiaques et d’autres problèmes comme le diabète ou les accidents vasculaires cérébraux. Tous ces facteurs de risque sont intimement reliés à la prise de poids, à l’insulinorésistance, au style de vie et au régime alimentaire. Pour cette raison, le syndrome métabolique est appelé le quartet mortel (hypertriglycéridémie, hyperglycémie, hypertension et surpoids) et aboutit aux maladies cardiovasculaires et au diabète de type 2. L’inflammation recouvrant le tout, on comprend aisément que la curcumine soit efficace en freinant celle-ci.
Cancer et prolifération des tumeurs : la piste curcumine
Mais le curcuma est encore bien plus prometteur : on connait aujourd’hui son efficacité contre le cancer.
Je vais d’ailleurs m’appuyer ici très largement sur les travaux du Dr Richard Béliveau et du Dr Denis Gingras, Les aliments anticancer, publié en 2016 chez Flammarion.
Les radicaux libres oxygénés et l’inflammation sont grandement reliés au processus cancéreux. Pour cette raison, la curcumine, en tant qu’antioxydant et piégeuse de radicaux libres, montre certaines propriétés anticancéreuses.
L’université du Michigan a publié une étude dans la revue Breast Cancer Research and Treatment sur les effets de la curcumine et de la pipérine sur les cellules souches du cancer du sein. Les cellules-souches sont au centre d’une des théories qui explique que le cancer puisse récidiver malgré un traitement en apparence efficace.
Même quand toutes les cellules cancéreuses ont été éliminées, quelques-unes de ces cellules-souches du cancer sont capables de former à nouveau des colonies entières de nouvelles cellules cancéreuses.
Dans cette dernière étude, les chercheurs ont démontré que des concentrations de curcumine et de pipérine obtenues par l’alimentation ou les compléments alimentaires sont capables de faire disparaître les cellules-souches du cancer du sein, sans induire de dommage aux cellules normales du sein. Cette étude montre que ces composés ne sont pas toxiques pour le tissu normal du sein.
Les peuples qui mangent beaucoup de curry ont moins de cancers
Le curcuma et son constituant principal, la curcumine, possèdent de nombreuses propriétés anticancéreuses qui pourraient être responsables des écarts importants dans l’incidence de plusieurs cancers observés entre l’Inde et l’Amérique du Nord.
Comparaison des taux de cancers en Inde et aux Etats-Unis.
Les taux correspondent à une population de 100000 personnes
INDE | ETAT-UNIS | |||||
Hommes | Femmes | Hommes | Femmes | |||
Taux de cancer, tous sauf ceux de la peau | 99 | 104 | 391 | 283 | ||
Poumon | 9 | 2 | 59 | 34 | ||
Colon/rectum | 5 | 3 | 41 | 31 | ||
Sein | – | 19 | – | 91 | ||
Prostate | 5 | – | 104 | – |
Source : GLOBOCAN 2000 : cancer incidence, mortality and prevalence worldwide. Lyon, France : IARC press; 2001
Des études ont démontré que la curcumine serait utile dans la prévention et le traitement de plusieurs types de cancers, dont celui de l’estomac, de l’intestin, du côlon, de la peau et du foie, et ce, aussi bien au stade de l’initiation (départ du cancer) qu’à celui du développement du cancer.
Ces résultats sont en accord avec ceux obtenus à l’aide de cellules cancéreuses cultivées en laboratoire où la curcumine bloque la croissance d’un nombre impressionnant de cellules provenant de tumeurs humaines, notamment celles de leucémies, de cancers du côlon, du sein et de l’ovaire.
En règle générale, ces effets semblent liés au blocage de certains processus nécessaires à la survie des cellules cancéreuses, ce qui les rend incapables d’échapper à la mort par apoptose. Et certaines études suggèrent également que la curcumine empêche la formation de nouveaux vaisseaux sanguins par angiogenèse, privant du même coup les tumeurs de leur source d’énergie.
Par exemple, chez des souris transgéniques qui développent spontanément des polypes au niveau du tractus gastro-intestinal, un facteur de risque important du cancer du côlon, l’administration de curcumine s’est avérée capable de-freiner significativement (40 %) le développement de ces polypes.
Cet effet de la curcumine semble principalement lié au blocage de la dangereuse étape de la progression des tumeurs. L’introduction de curcuma dans le régime alimentaire de personnes chez qui ces polypes ont déjà fait surface pourrait contribuer à éviter qu’ils ne dégénèrent en un cancer plus avancé. Il semble d’ailleurs que le cancer du côlon soit un des cancers sur lesquels la curcumine pourrait avoir le plus d’influence positive.
L’ajout quotidien d’une cuillerée à thé de curcuma aux soupes, aux vinaigrettes ainsi qu’aux plats de pâtes représente une façon simple, rapide et économique d’avoir un apport de curcumine suffisant pour prévenir le développement du cancer.
Mes conseils pour tirer tous les bienfaits du curcuma
- Choisir un curcuma de qualité, car suivant les origines et la partie de la racine utilisée, la teneur en curcumine peut aller de 1 à 4%. Il faut un curcuma bien orange (qui montre l’absence de l’écorce de la racine dans la poudre) et, si possible, issu de la « mère » (c’est-à-dire de la racine centrale du curcuma et non pas des « doigts » qui sont les racines latérales moins concentrées en principes actifs).
- Mettre dans les plats une petite cuillère à café de curcuma tous les jours (3 grammes) avec toujours un peu de poivre et des matières grasses (huile d’olive), qui améliorent grandement l’absorption des curcuminoïdes.
- Si vous n’aimez pas son goût, vous pouvez (en dernier recours) utiliser des compléments alimentaires : il faut veiller à utiliser des gélules apportant à la fois le totum de la racine (donc du curcuma) et une quantité suffisante de curcumine (120 mg, puisque 3 grammes de curcuma de qualité apportent 4% de curcumine, soit 120 mg de curcumine). La gélule devra contenir quelques mg de poivre pour optimiser l’absorption du curcuma, sauf si on vise une action au niveau du tube digestif.
Je vous conseille donc vivement de vous précipiter sur un curcuma de qualité et d’en faire une habitude culinaire. Les médecins ayurvédiques avaient compris l’importance de l’alimentation dans la santé et ont réussi à combiner ces propriétés au plaisir gastronomique. Alors… n’hésitez surtout pas à manger du curry ! En plus d’être délicieux, ce plat à base de curcuma vous rajeunira et diminuera votre risque de cancer !
Jean-Pierre Willem
NB : les effets du curcuma sont synergiques des autres « vrais » antioxydants que sont les flavonoïdes (gingko-biloba). Mais il faut bien noter que les laitages et fromages neutralisent les effets des flavonoïdes et autres polyphénols !
Je suis ravie de vous lire à chaque parution de votre lettre. J ai lu que la curcumine était contradictoire avec la prise d anticoagulants.
Que me conseillez vous ?
Je prends Eliquis 2,5 x 2 par jour
Suite à un infarctus mineur .
Merci de bien vouloir me répondre. J étais une adepte du lait d or curcumine lait d amandes poivre et miel
Bonjour
Je viens de lire la lettre du Dc Willem, dont le sujet est le curcuma. Depuis un an, après avoir lu les biens faits du curcuma sur le diabète , je m’efforce de prendre une cuillère à café de curcuma chaque matin que je mélange à mon yaourt. Or dans le NB de la lettre, on indique que les laitages neutralisent les effets.
Es-ce que je commets une erreur de le prendre avec mon yaourt?
Merci pour la lettre qui est remplie de bon conseil;*
Marcel
je prends tous les matins une cuillère à soupe de jus de curcuma/gingembre bio (marque natuval) avec du lait végétal. Faut-il que je rajoute du poivre ou le fait que ce soit un jus concentré permet une meilleure assimilation?
merci pour votre réponse
Merci pour ces informations forte intéressantes !
Cependant je ne comprends pas la relation qui existe entre le curcuma, objet explicite de l’article, et le curry qui y est plusieurs fois cité.
Le lien c’est qu’il y a beaucoup de curcuma dans le curry ..
Bonjour Docteur
Je souffre de sciatique due à un mal de dos chronique (scoliose) et depuis quelques jours je prends des cachets de curcuma, mais à la suite de la lecture de votre lettre je vais m’empresser d’en mettre dans les plats avec un peu de poivre ; j’espère que d’ici un mois ou 2 mes douleurs vont disparaître
Merci pour vos bons conseils
Merci pour vos lettres précises, bien documentées auxquelles on sent que l’on peut faire confiance. Je vous remercie, en particulier, de ce que vous dites sur les flavonoïdes, comme le gingko biloba, dont les effets anti-oxydants sont neutralisés par les laitages et fromages. Prendre ces flavonoïdes ne sert donc à rien à ce niveau. Je ne l’avais jamais entendu dire.
BONJOUR
cette épice est un bienfait, mais comme tout complément alimentaire il y a du bon et du moins bon
avez vous une adresse pour commander du curcuma qui soit le meilleur posible
merci
Merci beaucoup pour vos lettres toujours très intéressantes.
Vous parlez parler le curcuma de qualité.
Mon épouse à remplacé l’Oméprazole (contre les remontées gastriques) par du curcuma+gingembre+cannelle de Célan+poivre et elle n’a plus de douleur.
Nous prenons du curcuma et gingembre bio vendu par cook qui est produit à Madagascar. Estimez-vous que c’est un produit qui contient beaucoup de curcumine?
Merci pour votre réponse et merci encore pour tous vos conseils. Vous nous faites du bien!
Bien à vous.
Francis Rérat
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt la lettre du Dr WILLEM
et le développement sur le curcuma, que je consomme,
en gelules, surtout, Ma question: où trouver un curcuma
de qualité, c’est à dire ayant cette nuance orangée recommandée?
J »ai lu avec intérêt la lettre du Dr Willem, et les informations concernant le curcuma que je consomme
essentiellement en gélules.
Ma question : où trouver le curcuma de qualité
recommandé par le Dr Willem?
Je vous remercie de votre réponse.
Bonjour
Je suis aussi intéressée par la réponse.. Je mets du curcuma frais presque tous les jours dans mes jus, mais comment savoir si c’est bien…