Chère lectrice, cher lecteur,
Quand Moïse est descendu de sa montagne, son premier commandement fut « Tu ne tueras pas ! »
Où en sommes-nous aujourd’hui ?
Les commentaires sont multiformes !
La sémantique va nous permettre d’affiner les définitions.
Classiquement, l’euthanasie renvoie à l’usage de procédés qui permettent de hâter ou de provoquer la mort, pour délivrer un malade de souffrances extrêmes ou pour tout motif d’ordre éthique.
On distingue l’euthanasie active, une intervention destinée à mettre fin à la vie, et l’euthanasie passive, consistant en l’absence ou la cessation de soins maintenant un malade en vie dans des conditions pénibles.
« Une mort douce » : c’est ce que promet l’étymologie grecque du mot « euthanasie ».
Une promesse impossible à tenir en France, où les dernières lois de 2005 et 2016 mettent fin à l’acharnement thérapeutique en autorisant l’arrêt des traitements et une « sédation profonde » jusqu’au décès.
Pas question d’aide active à mourir pour ceux qui, se sachant condamnés, veulent en finir dans la dignité.
La possibilité de sédation, en référence à la loi Claeys-Leonetti, autorise l’administration d’antidouleurs jusqu’à la perte de conscience chez des patients en phase terminale d’une maladie incurable.
Entre les pros, qui mettent en avant la liberté de choisir sa mort, et les antis, qui craignent notamment de graves dérives, le débat est de nouveau sur la table.
Notre président de la République serait d’ailleurs loin d’avoir tranché entre un « simple » aménagement et un changement profond. La loi actuelle, c’est donc celle de 2016, dite Claeys-Leonetti, a créé le droit à une sédation profonde et continue jusqu’au décès.
Toutefois elle ne permet pas de régler tous les cas.
La fin de vie sera-t-elle la grande réforme sociétale de ce mandat ?
Emblème, pour les uns, de la liberté absolue de mourir dans la dignité, permis de tuer pour d’autres ; l’aide active à mourir dans notre pays n’est en tout cas plus taboue.
150 Français chargés de réfléchir à la fin de vie
Le tirage au sort de 150 citoyens chargés d’en discuter a commencé.
Leurs échanges – et propositions – débuteront le 9 décembre, pour une durée de quatre mois.
Mais quelle légitimité ces citoyens auront-ils pour traiter un sujet aussi sensible ?
Quelles sont leurs connaissances sur la question ?
« Si le débat sur la fin de vie est délicat, c’est parce qu’il concerne l’intime, donc ne peut être traité de manière totalement rationnelle. Mais il touche aussi à notre vision de la société, donc ne peut pas non plus être abordé de manière uniquement affective. C’est cet équilibre que nous devrons trouver », estime Claire Thoury, membre du comité organisateur, consciente des précautions à prendre.
Par ailleurs, tout le monde s’accorde à dire que la loi n’est pas encore vraiment mise en œuvre.
On peut s’étonner qu’il y ait besoin, avant même d’avoir appliqué une loi, d’en préparer une autre.
Il y a sans doute des améliorations à trouver, notamment médicalement, s’agissant de la sédation profonde.
On peut faire autrement, confirment certains médecins.
Ainsi la médecine progresse dans la manière d’accompagner la fin de vie, tout comme dans la compréhension de ce qu’est la mort.
La question est : doit-on faire des lois pour toutes les situations extrêmes que l’on peut imaginer ?
Face à la question si sensible, si intime de la mort, les discussions risquent d’être âpres.
Pour la hiérarchie catholique, « voter une aide active à mourir, c’est franchir la ligne rouge ».
Où se situe la ligne rouge ?
Selon le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Éric de Moulins-Beaufort :
« On la franchira si l’on vote l’aide active à mourir, parce qu’on sera dans une société qui se donnera le droit de faire mourir quelqu’un, ce qui est quand même très grave ! Bâtir une société sur le fait que l’on s’aide à vivre et non pas à mourir me paraît un choix essentiel, avec d’immenses conséquences. L’euthanasie est une question qui nous renvoie à notre propre humanité. Cela n’est d’ailleurs pas qu’une lubie des catholiques : les juifs y sont opposés, les musulmans également. La foi monothéiste nous fait sans doute découvrir quelque chose de la capacité de fraternité entre les êtres humains. Toute vie compte, et toute vie est importante pour tout le monde ! »
Une litanie de questionnements !
Le thème de l’euthanasie ne laisse personne indifférent. Il suffit d’écouter les commentaires pour se convaincre que la question est protéiforme.
Fernande, une infirmière en soins palliatifs et membre de la Sfap (Société française d’accompagnement et de soins palliatifs), se bat au quotidien au côté des mourants.
« Le problème, en France, c’est qu’on n’écoute pas assez les patients ! On dispose pourtant des moyens législatifs de les soulager, mais on ne prend pas le temps de les écouter, de les informer », martèle-t-elle.
Le problème, selon Agnès, une autre soignante, vient de ce que la loi Claeys-Leonetti n’est pas assez connue ni appliquée, faute de moyens.
Elle déplore aussi que de nombreux départements ne disposent pas ou plus d’unités pour la fin de vie.
« Une fois qu’on entre dans ces services, les vraies demandes d’euthanasie sont extrêmement rares », ajoute celle qui estime aussi que demander aux soignants de pratiquer l’euthanasie est « un acte d’une violence inouïe. Un individu ne peut pas imposer à un autre individu de le tuer », s’indigne-t-elle.
« La maladie, la vieillesse, ce sont des sujets difficiles à affronter. Il faut que le collectif permette à l’individu de supporter cette perspective-là, de vaincre la solitude de la fin de vie », renchérit un psychologue, Dr Pierreford, en soins palliatifs et en réanimation.
« Il y a une différence éthique considérable entre faire mourir quelqu’un et arrêter d’empêcher que la mort arrive », précise celle qui s’inquiète, si la légalisation était inscrite dans la loi, du « message qui serait alors envoyé aux personnes très handicapées ou aux patients très malades ».
« Si l’euthanasie devait être appliquée, il faudrait, comme en Belgique, que la décision soit prise de façon collégiale et que les médecins puissent refuser de procéder à cet acte. Ce n’est pas parce que quelqu’un est pour, à titre personnel, qu’il se verrait pour autant lui-même réaliser une euthanasie », éclaire un anesthésiste à la retraite. Il se déclare plutôt favorable à une nouvelle loi, mais sous condition. « En France, la loi finira bien par passer. La seule question qui se pose, aujourd’hui, c’est ce qu’elle contiendra. »
Lors d’un cocktail organisé pour le corps médical à Paris en octobre, la conversation s’orientait vers la fin de vie.
« Je m’interroge comme citoyen, comme médecin et comme croyant », souffle un confrère. « On laisse penser aux gens que le choix qui s’offre à eux, c’est soit l’euthanasie, soit la mort dans d’atroces souffrances, mais c’est faux. Des outils et des alternatives existent. Nous, médecins, avons notamment la possibilité de sédation », rappelle-t-il, en référence à la loi Claeys-Leonetti.
« Faire mourir son prochain n’est pas un acte médical. Pas besoin de sept ans d’études pour tuer quelqu’un », enfonce-t-il.
« La fin de vie, chacun a une position idéologique sur le sujet », soupire un médecin généraliste encore en activité. Ce confrère a fait le tour de la question depuis longtemps. « J’ai rencontré dans mon métier et dans ma vie privée trop de gens qui ne voulaient plus vivre », glisse-t-il.
Des femmes de 90 ans ou même des centenaires aveugles, incontinentes, isolées, fatiguées de vivre.
Il a même aidé sa mère de 102 ans à partir en Belgique, en 2018.
Selon lui, « les soins palliatifs ne résolvent pas toujours la douleur et la souffrance psychique. Malgré toute la morphine et tous les traitements, il y a toujours des gens qui demandent à mourir et que la loi Claeys-Leonetti ne concerne pas. Ils ne peuvent alors rien faire d’autre que souffrir. »
Qu’en pensent nos « poètes » ?
« Le mot d’euthanasie est appliqué, désormais, à des pratiques diverses. Certaines de ces pratiques amèneraient le médecin à délivrer de la vie, dans un sentiment de pitié, et par l’administration d’une dose toxique de quelque drogue calmante, les malades considérés comme perdus. Or les médecins, qui doivent garder toute leur liberté de mouvement dans l’exercice de leur ministère, se trouvent d’accord pour refuser un privilège que répudie notre vieille civilisation. Le mot d’euthanasie désigne également la méthode que les nazis, au nom d’une science criminelle, ne craignaient pas d’appliquer dans le dessein de détruire les sujets tarés et de purger ainsi ce qu’ils appelaient improprement ‘la race’. »Duhamel, Manuel du protestataire, Mercure de France, 1952.
L’euthanasie peut donc conduire à l’eugénisme, ouvrant ainsi une boîte de Pandore que nous aurons bien du mal à refermer. « Piquer un chien » ou un être humain, quelle différence ?
- « Au fond, il ne s’agit que d’un simple vol, dit Saturnin.
- On pourrait même aller jusqu’à l’euthanasie.
- Comment ? dit Saturnin.
- Je dis qu’on pourrait même aller jusqu’à l’assassinat. Le sang des vieillards, ça ne tache pas beaucoup.
- Ouais, dit Saturnin. »
Queneau, Le Chiendent, Gallimard, 1974.
Le mot ne s’est employé qu’à propos des humains. Il s’est étendu aux animaux que l’on s’applique à faire mourir sans souffrance, ce qu’autorise l’étymologie.
Mais dans ce cas, on ne parle pas souvent d’euthanasie, mais de « piquer le chien !»
Avant de vous quitter, j’aimerais faire un commentaire.
Durant tout son parcours, le médecin est au service de la vie : lors d’un accouchement comme lors d’une longue maladie.
Après avoir fait de si longues études, pourquoi se prêterait-il à ce geste de mise à mort ?
Comment parviendra-t-il à gommer ce geste létal ?
D’autres sont plus aptes à pratiquer cette injection… !
Bonne lecture !
Jean-Pierre Willem
Bonsoir
Je me permets de vous répondre, au sujet de l’euthanasie…des animaux.
Les miens. J’ai testé le “mourir à la maison” pour une chatte qui ne voulait pas aller se faire euthanasier, nous avons pris soin d’elle, dormi et médité avec elle et elle n’a pas souffert sur le temps qui l’a amené à la mort, qui est arrivée soudainement en une seconde par crise cardiaque. Alors qu’elle avait un cancer qui s’est généralisé, elle arrivait à trouver son souffle, grâce aussi à des soins (magnétisme et ostéo) qui lui ont sans doute apporté beaucoup.
Pour le chat mort 1 an après qui souffrait d’insuffisance hépatique et rénale, on nous a conseillé fortement l’euthanasie. Bien qu’il ne veuille pas partir à la clinique pour le dernier moment, nous y sommes donc allés . Mais ses reins qui ne fonctionnaient plus assez bien ne prenaient pas l’anesthésiant qui précède la piqure létale. Il a donc tout senti et c’est terrible à voir car le produit létal brûle. Cela reste pour moi un souvenir atroce….car cela a duré trop longtemps.
Ce n’est pas simple de savoir quoi faire et les vétos n’avaient manifestement pas prévu ce dénouement, curieusement.
Depuis j’évite d’avoir recours à ce processus brutal ( j’ai aussi des poules et coqs qui ont eu besoin d’assistance suite à maladie. Je les ai toujours accompagné jusqu’au bout et j’ai été surprise 2 fois qu’ils attendent d’être avec moi pour se laisser partir. Je veux dire par là que le soir je pensais qu’ils ne passeraient pas la nuit mais au matin ils étaient encore là et sont morts avec moi. Leur envie de vivre intense jusqu’au bout m’a engagé de ce côté plutôt que du côté de la “piqure”que je ne souhaite à personne.
Bien à vous
Odile Dhénain
pour moi l’euthanasie active est un meurtre, mais je suis contre l’acharnement thérapeutique,pb ou quand et commence cet acharnement ce qui n’empêche pas le droit et le devoir d’aider les gens à ne pas souffrir. il ne faut pas avoir le but de tuer pour ne pas souffrir et
Le libre choix de chacun pour ma part j’ai demandé à mon médecin traitant à ne pas souffrir en fin de vie je ne veux pas vivre artificiellement et je suis pour ce que j’appelle une mort assistée
Dieu a dit à Moïse : tu ne tueras pas, il a dit aussi :’celui qui aura enduré jusqu’à la fin sera sauvé’. Cela ne veut pas dire de mourir dans d’atroces souffrances. Il existe les soins palliatifs et la sédation pour aider à passer ce cap difficile. Par contre l’euthanasie n’est pas pour les vrais chrétiens qui obéissent à Dieu. Vous parlez du clergé ‘ la plus grande secte du monde’ qui bafoue depuis le début la Loi de Dieu. Exemple: tu ne tueras pas, eux ont pris positition dans les guerres bénissant les soldats et même les canons 14/18. 39/45. Jésus a dit :” n’appelez personne Père sur la terre car un seul est votre père le Céleste. Comme le pape se fait il appeler, ainsi que tout le clergé? Saint père et mon père? Vous croyez que la désobéissance a Dieu est béni ? Lisez Jean 3:36. et obéissent à Dieu .
Vraiment drôle la vie?
Les gens qui reçoivent des soins palliatifs désirent mourrir dignement et veulent surtout arrêter de souffrir, alors ont les laissent inconsciemment et stupidement dans ces états lamentables et horribles?
Pis les gens qui veulent pas mourir, meurs dû à des causes externes à leurs décisions? (Accident, variantes, etc)
C DEGUEULASSE pardon pour l’expression mais on a “PIQUÉ ” mes 2 parents après 1 espèce de grippe pour l’une et 1 AVC non mortel pour l’autre sans consentement des enfants ignorants que nous étions !. Pas de douleurs intolérables ni de cancer alors merci les infirmières avec la malette noire speciale “chant du cygne” commme ils appellent cela !
Oui, il faut soulager les souffrances au lieu d’enlever la vie. C’est ce que font les médecins. Mais l’euthanasie demandée par les patients qui n’en peuvent plus de vivre malades,C et pour le reste de leur vie, sans plaisir malgré l’habitude, je crois que l’on devrait leur accorder cette grâce.
Très beau texte qui se place, en termes simples et aisément accessibles, au coeur du problème.
bravo et merci.
laissons les personnes seniors mourrir comme elles le veulent si elles ont une maladie qui les handicapent ou les fait souffrir .Vivre avec un handicap ou des douleurs n est pas vivre mais souffrir.Quand la joie et la paix sont parti laissons partir les vieux.Quoi de plus terrible ces vieux entassés devant une maison de retraite dans des fauteuils et ne faisant rien comme des animaux que l on aide a nourrir et dont on maintient l hygiene.Le bisiness de la viellesse doit disparaitre
trop de gens se gavent de la misere du 3 eme age